Une tradition théâtrale déjà présente en Corse…
Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, la description de la Moresca qui est donnée à Vescovato en l’honneur du comte de Marbeuf, gouverneur général de la Corse et protecteur des Bonaparte, nous donne à voir un spectacle d’une complexité extrême, exécuté par plus d’une centaine de bergers-danseurs. C’est donc qu’une tradition théâtrale existait en Corse, qui ne se limitait pas aux représentations données dans la sala maggiore du palais des gouverneurs génois à Bastia (avec un protocole extrêmement rigoureux) ou aux teatri sacri de la semaine sainte, avec tout l’apparat baroque des sepolchri et des grandes processions.
La connaissance des grands textes italiens : la Jérusalem délivrée et le Roland furieux est diffusée dans toute la société corse, et les bergers de la famille Bonaparte appelaient Gertrude, sœur de Charles et donc tante de Napoléon : Clorinde, comme la princesse guerrière de la Jérusalem délivrée.
Le marquis de Cursay avait organisé de grands concerts lyriques vers 1742 pour amadouer la haute société bastiaise, pendant lesquels des cantatrices chantaient des airs de Pergolese et de Vinci.
Mais c’est ce même Marbeuf qui va construire le premier théâtre en bois de Corse, et les recherches récentes de J-C Liccia (commissaire de l’exposition) ont montré la qualité des chanteurs d’opéra et des danseurs, venus de toute l’Europe, qui s’y sont produits.